lundi 31 mars 2008

Conférence N°6 : Musique et Emotion

Vers la détermination des enjeux culturels et psychologiques au moment du « Tarab » :

Quel impact des traditions perceptives ?


Par
Zied ZOUARI
Violoniste, compositeur-interprète et doctorant en musicologie à Paris IV-Sorbonne.

Service Culturel d'Egypte
111 bd St-Michel 75005 Paris
Jeudi 03 avril 2008
à partir de 19h

Le tarab est un moment de satisfaction qui connote une forte appréciation d’un message musical à l’instant de son interprétation. Pour le musicien (émetteur) au même titre que pour l’auditeur (récepteur), le tarab forme un objectif pertinent dont l’aboutissement illustre le succès de l’interprète au moment où le public atteint le front de son agrément. Cependant, cette description du phénomène, devrait-elle tenir compte de certains éléments d’ordre culturel, psychologique en rapport avec la perception et la connotation de la musique en question. Les auditeurs, avec la diversité de leurs cultures et de leurs origines, auront-ils le même sentiment modal à la suite de l’écoute d’une même musique...

Il est à signaler que le tarab est un état d’âme dont l’obtention est directement liée à la charge émotionnelle requise par l’interprète et / ou son public. Cette charge émotionnelle s’alimente progressivement jusqu’à atteindre le sommet formant ainsi le moment de l’extase ou simplement le tarab. Afin d’assurer cette montée, l’émetteur articule des formules mélodico-rythmiques types et des ornements bien spécifiques tout en évaluant l’impact de son jeu sur le public. A ce stade, nous apporterons quelques précisions sur le phénomène du feed-back établi entre l’interprète et son public.

Cependant, peut-on aboutir au tarab au moment où l’interprète n’y a pas encore abouti ou inversement ? Si oui, quels sont les motifs d’un tel constat ? Est-ce un décalage cognitif ou un tarab à sens unique ?

Les traditions perceptives de chacun auront certainement un impact sur l’appréciation de la musique en question et décideront le plus souvent l’aboutissement ou non du tarab. Comment expliquer alors qu’un auditeur arabo-oriental peut parfaitement réagir en entendant pour la première fois un standard de musique turque ou persane ? Le standard écouté, n’appartenant pas pour autant à sa mémoire auditive, pourrait lui apporter un sentiment modal inattendu formant ainsi un champ favorable pour le tarab. S’agit-il de codes unidimensionnels entre la musique traditionnellement entendue et sa musique ? Faut-il en l’occurrence définir des critères psycho-culturels de ce qui peut mener au tarab avant de trancher sur un concept bien précis du phénomène ?

samedi 15 mars 2008

Conférence N°5 : Musique et Emotion

Approche méthodologique de l’interprétation de l’émotion dans les musiques de la tradition orale : le cas des chants pomaks

Par
Eftychia DROUTSA
Doctorante en ethnomusicologie à Paris IV-Sorbonne


Service Culturel d'Egypte
111 bd St-Michel 75005 Paris
Jeudi 20 mars 2008
à partir de 19h



La problématique qui sera soulevée dans la future présentation portera sur la question de la méthodologie et de l’approche cognitive que le chercheur adopte afin de déchiffrer les codes internes de l’interprète qui lui permettent d’aboutir à l’acte musical. Notre réflexion s’appuiera sur le chant des Pomaks et plus précisément sur deux moments clés de l’interprétation: le déclenchement et la continuité de l’acte vocal. Il s’agira d’une part de comprendre en quoi le facteur émotionnel permet la genèse d’un effort créatif et de quelle manière ceci est assuré par un prolongement sous-jacent. Par ailleurs, nous traiterons de la notion de la mémoire et du souvenir en tant qu’éléments du processus de l’intériorisation de du chant. Ceci permettra d’évaluer la contiguïté entre un espace intérieur dénoté par le psychisme et l’émotion et un espace extérieur conditionné par le temps et la durée. D’autre part, il s’agira de restituer le rôle de l’observateur et les méthodes dont il dispose afin de rendre de façon explicite le sens de l’acte musical lui-même. La question de méthodologie portera surtout sur la manière d’interpréter le non-explicite lié au facteur émotionnel, les risques de surinterprétation et les limites de la pertinence de l’objectivité.

ATERAMUC

Musique et Émotions

Les rapports de la musique avec les émotions humaines, tant débattus dans le cadre de plusieurs séminaires et conférences, semblent faire l'unanimité sur leur complexité et leur grande marge de confusion. L'étude de ces rapports fait appel à une interdisciplinarité conséquente qui, incessamment, tente de rendre compte de l'ampleur de ce domaine. Entre la philosophie, l'esthétique, la psychologie cognitive ou encore la musicologie, un certain nombre de questionnements se posent : comment peut-on approcher l'émotion musicale d'un point de vue méthodologique ? quels sont les liens que l'émotion musicale peuvent entretenir avec le domaine ou le concept de sens et de signification ? quels sont les enjeux psychologiques ou psycho-cognitifs qui peuvent être engendrés à travers l'élucidation de ces liens ? de quelles manières les émotions en musique se manifestent dans les différents contextes socio-culturels ? Il s'agit en l'occurrence d'esquisser la présente problématique sous plusieurs angles de recherche et de remettre à jour son état de question. Il s'agit également d'aborder une des questions les plus complexes relatives au domaine musical ; ce qui permettra d'atterrir sur ses principales difficultés et d'essayer d'aboutir à la décortication du phénomène concerné.

Hamdi Makhlouf
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